Une châtie, au grenier, venait de mettre bas ;
Chatte au poil gris, chatte au poil ras,
Espèce à la souris fatale,
Qui, par mille tourments, sous sa grifse infernale,
La conduit au trépas.
Mais pendant qu'elle court pour nourrir sa nichée,
Et que l'amour ailleurs occupe son matou,
La peuplade souris qui se trouvait cachée
Quille son trou,
Et, de vivres pourvue, y rentre effarouchée,
En s'écriant, qu'allons-nous devenir ?
Qui voudra désormais s'exposer à sortir,
Lorsque la bande scélérate
Aura sucé le lait de la cruelle chatte
Qui seule suffisait pour nous anéantir ?...
Une vieille souris releva leur courage ;
Révérer la vieillesse était alors l'usage.
Mes chères sœurs, dit-elle, écoulez tues.
Ou c'en est l'ait «le nous s'ils ne sont pas.
L'expérience est mon partage.
J'ai perdu, par le temps, griffes, crocs el mes jeux ;
Il ne me reste rien de ces biens précieux
Que nos futurs bourreaux vont posséder terribles ;
Leurs grilles vont pousser et leurs yeux invisibles.
Vont s'ouvrir et lancer des regards pleins de feux ;
Pendant qu'ils sont encor aveugles, sans défense,
Sans pitié pour leur innocence
Prévenons leur férocité ;
Donnons-leur, au berceau, de nia "caducité
L'exacte ressemblance.
On applaudit à ce discours.
Pendant que pour tes chats, pauvre chatte, tu cours ;
On t'a rendu guerre pour guerre ;
Tes petits, mutilés, ont perdu la lumière,
Qui, dans leurs yeux sanglants, s'éteint et pour toujours
Tout ceci nous conduit à dire :
No donnons jamais aux méchante
Le temps, les moyens de nous nuire ;
Avant qu'ils n'aient acquis trop dé force ou d'empire,
Arrachons-leur grifses et dents.