La conversion du Renard Théodore Lorin (19è siècle)

Après avoir pillé dans le canton
Basses-cours, poulaillers, un renard émérite
Se convertit. Le diable, nous dit-on,
Devenu vieux, se fit ermite :
En fut-il pour cela meilleur ? Oh ! mon Dieu ! non.
Tout comme lui, notre hypocrite,
Loin de réformer sa conduite,
Resta, quoique dévot, cauteleux et glouton.
En public, d'une austère et rude pénitence
Affectant les dehors, il priait, il jeûnait ;
Mais de sa sévère abstinence
La nuit il se dédommageait.
Faisait-il un pèlerinage,
En passant dans chaque village
Secrètement il volait, il croquait
Quelque poule, quelque poulet.
Si sur le fait on le prenait,
C'était, prétendait-il, pour faire un sacrifice,
Et pour rendre le ciel propice
A lui, pauvre pécheur, puis aux bons villageois.
« Fourbe, lui dit un paysan narquois,
Tu n'en es à mes yeux encor que plus coupable,
Quand tu couvres ainsi d'un voile respectable
Tes vols, tes meurtres odieux,
Et que par cette momerie
Essayant de tromper les hommes et les Dieux,
A tes autres forfaits tu joins l'hypocrisie. »

Livre VIII, Fable 7




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