Un âne revêtu d'un harnais magnifique
Qui le couvrait complètement,
Traversait la place publique.
Tous les animaux le prenant
Pour un personnage important,
Venaient lui rendre leurs hommages.
Que de sots parvenus pensent à leur talent
Devoir les éclatants suffrages
Que l'on accorde seulement
A leur habit ! Avec une noble assurance
Aliboron se prélassait
Et gardait un prudent silence.
Mais, par malheur, voyant un renard qui passait,
Il l'appelle. A sa voix chacun le reconnaît :
On le siffle, on le hue. « Il ne fallait point braire,
Si tu voulais conserver ton crédit,
Lui dit le fin renard : quand on manque d'esprit,
On gagne toujours à se taire. »