Grâce au phosphore incandescent
Dont l'avait orné la nature,
Dans un épais buisson, par une nuit obscure,
Brillait un chétif ver luisant.
Il se croit un soleil, tout au moins une étaile.
« Voyez, dit-il, avec quelle facilité,
De la nuit dissipant le voile,
Au loin, autour de moi, je répands la clarté.
J'estime donc que, sans me faire grâce,
On peut m'accorder une place
Parmi ces globes lumineux
Que le ciel voit, dans son immense espace,
Poursuivre incessamment leur cours majestueux. »
Comme il parlait ainsi d'un ton audacieux,
Le soleil, s'élevant au-dessus de la terre,
Montre son disque radieux,
Et d'un seul trait de sa vive lumière
Éclipse l'insecte orgueilleux.
Que de gens qui s'en font accroire
Ne doivent, comme lui, leur éclat et leur gloire
Qu'à la nuit qui règne autour d'eux !