La Fauvette et le Ver luisant Eugénie et Laure Fiot (19ème siècle)

Une fauvette, tout le jour,
Avait, de sa voix attendrie,
Charmé les échos d'alentour
Par une douce mélodie.
Vers le soir, la faim la saisit.
Un beau ver-luisant, qui la vit
S'approcher de lui pour le prendre,
Lui dit : « Ne me fais pas de mal ;
J'ai tant de plaisir à t'entendre
Que tu me dois, ma chère, un sentiment égal.
Admire de mon corps l'éclatante merveille,
La nature nous fit, toi, pour charmer l'oreille,
Moi, pour plaire et briller aux yeux ;
Ainsi, soyons amis tous deux. »
Répondant par un doux murmure,
La fauvette aussitôt s'abstint de le toucher,
Et plus loin s'en alla chercher
Une facile nourriture.

Ô vous humain, vous rois de la nature,
Membres de la société,
Sachez vivre sans nuire aux autres ;
Et, bons envers chacun, montrez-vous les apôtres
D'une touchante humanité.

Fables nouvelles, Livre I, Fable première, 1851




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