Un beau matin, le fils chéri
D'une aimable et douce fauvette,
Au haut d'un arbuste fleuri,
Gazouillait cette chansonnette :
« Je suis le fruit des plus chastes amours.
Je veux aimer, chanter toute ma vie,
Les doux bienfaits des auteurs de mes jours,
Ecartez le ciseau de la parque ennemie,
O dieux puissants ! veillez sur eux;
C'est leur bien-aimé qui vous prie;
De son cœur exaucez les vœux. »
En l'entendant, la fauvette attendrie:
— Mon fils, qui t'a, dit-elle, appris cette chanson ?
— Le rossignol qui chante au fond de la prairie.
— Retiens toujours cette sage leçon:
Tu fais notre bonheur, vivement reprit-elle ;
Mon fils, sois bien reconnaissant,
Car si l'on doit détester le méchant,
L'ingrat doit inspirer une horreur naturelle.