Le nid de fauvettes

Marie Perrier (fin 18ème siècle)


Dans un buisson de feuillage garni,
Une petite et gentille Fauvette
Au printemps passé fit son nid ;
Et, dans quinze jours, la pauvrette
Vit éclore quatre petits,
Tous bien portants et bien jolis. .
Il n’est pas besoin de décrire
Auprès d’eux ses soins empressés :
L’amour maternel les inspire,
Ah ! n’est-ce pas en dire assez ?
Dès qu’ils sont grands, de branchage en branchage
Elle leur apprend à voler :
Elle les suit, les encourage,
Et sous son aile , après un court voyage,
Se hâte de les rappeler.
Un soir, qu’après ce doux apprentissage
Elle rentrait dans son petit ménage,
Elle se prit dans des gluaux
Qu’un écolier, sur son passage,
Avait placés parmi les arbrisseaux.
Elle se débat, elle appelle
Ses chers enfants à son secours.
Venez, mes amis, leur dit-elle,
Si vous voulez sauver mes jours,
Mais, ô comble d’ingratitude !
Deux seulement vinrent s’offrir,
Et goûtèrent le doux plaisir
De finir son inquiétude ;
Les deux autres dénaturés,
Après s’être déshonorés
En trahissant ainsi leur mère,
S’envolèrent sur un lilas.
Le ciel toujours a puni les ingrats :
Il permit qu’un chasseur, encor tout en colère
D’avoir manqué quelques perdreaux,
Les aperçut fort à propos
Pour les jeter tous deux par terre.

Sitôt qu’on se laisse endurcir,
Et qu’on n’écoute pas la voix de la nature,
Du vice on comble la mesure,
Et c’est ainsi qu’on doit finir.

Récréations d’une Bonne Mère avec ses Filles




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