Le Nid et le Ruisseau Henry Macqueron (1851 - 1888)

Sur le bord du ruisseau se penche,
Blanc de duvet, un nid léger.
On dirait que flotte à la branche
Un flocon de la mousse blanche.
Que le printemps fait voltiger.

L’aube déjà bleuit l’ombrage ;
Les petits se taisent encor.
Seul, gazouillant son frais ramage,
Le flot, qui fuit sous le feuillage,
Murmure un chant qui les endort.

Bientôt la famille éveillée
Appelle le jour de ses cris.
Père et mère sous la feuillée,
De doux ébats émerveillée,
Vont butiner pour leurs petits.

Cependant la troupe enfantine
Ranime son joyeux concert ;
Et chaque tête purpurine
Sur le feuillage se dessine
Comme un rubis sur satin vert.

Penchés sur eau qui les reflète,
Qu'ils sont ardents à se mirer !
Si frétillante à sa toilette,
Ils ont tant vu, douce coquette,
Tant vu leur mère s’y parer !

Petits oiseaux, de la prudence !
La mort se cache, et guette en bas.
Hélas ! la plus belle existence
Comme votre nid se balance
Sur un gouffre qu’on ne voit pas.

Fable 48




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