Le Rosier et la Rose Simon Pagès (17ème siècle)

Dans un des plus riants bosquets
Que l'onde de la Seine arrose,
D'un jeune et beau rosier on vit naître une rose.
Quoique bouton encor, dieux! qu'elle avait d'attraits!
De la plus belle fleur elle avait tous les traits.
C'était dans 'heureux temps où finit la froidure,
Où les amours et les zéphyrs
Viennent, au gré de leurs désirs,
Pour caresser les fleurs, présents de la nature.
Son père, en souriant, couronna son entour
D'un tutélaire et verdoyant feuillage.
Il sauva sa beauté-des feux du dieu du jour,
Et mit en sentinelle une pine sauvage,
Pour effrayer tout téméraire amour.
Jeune favorite de Flore,
Flore se plut à pétrir de sa main
Le teint
Qui devait enrichir les appas de son sein,
Sitôt qu'on les verrait éclore.
La fleur brilla bientôt en reine du jardin.
Sa belle tige fut un trône.
Un berger plein de gloire un jour vint la-cueillir;
La rose en son printemps parut pour embellir
Et la cour de Vénus et la cour de Pomone,

Un tendre enfant devient un objet de plaisir,
Quand il répond aux soins qu'un bon père lui donne.

Livre IV, Fable 23




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