Les deux Enfants et le Rosier Édouard Parthon de Von (1788 - 1877)

« Pour nos petits jardins, mon père, à ma demande,
Nous a donné les fleurs de cette plate- bande,
Qu'il ajoute à son potager ;
་Entre nous deux, ma sœur, il faut les partager.
Voici deux pieds d'œillets ; bon, c'est chacun le nôtre.
Tiens, prends cette anémone et moi je prendrai l'autre.
Mais, au milieu, cet unique rosier,
Je puis bien le garder, moi qui fis la demande ?
- Non, Paul, je suis l'aînée et je suis la plus grande,
Ce sont des droits que tu ne peux nier,
- Des droits ! allons, vous êtes folle ;
Je ne veux pas vous le céder.
Le rosier, prenant la parole :
Paul, dit-il au garçon, tout se peut accorder
Plus aisément que tu ne l'imagines.
Prends-moi ta bêche et, d'un coup vigoureux,
Sépare-moi ; fort bien, les deux parts ont racines,
D'un pied tu viens d'en faire deux.
Maintenant, mes enfants, sans dispute et sans trouble,
Satisfaites votre désir.
Je suis l'emblème du plaisir :
En se partageant il se double. »

Livre II, fable 16




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