Jadis certain Renard, bon père de famille,
Parmi tous ses enfants entretenait la paix.
Chez lui l'on ne voyait jamais,
Comme chez les humains, pour une peccadille,
Pour moins encor, parents contre parents,
Se déchirer à belles dents.
D'Atropos l'implacable haine
Eût épargné peut-être un Renard sans vertu ;
Mais pour celui-ci l'inhumaine,
Entre ses doigts déjà ne tournait qu'avec peine
Un fuseau plus qu'à demi-nu.
Un beau matin il passa l'onde noire.
Vous autres bonnes gens, tout d'un coup allez croire
Que des Renards ses fils il fut fort regretté ;
Moi qui de tels regrets connais la rareté,
Qui fait qu'on songe moins au défunt qu'à l'armoire,
J'aurais gagé que son trépas
En serait d'abord des ingrats
Et de leur union terminerait l'histoire.
Renards communément n'ont pas de coffre-fort ;
Mais celui-ci, dit- on, laissait après sa mort,
Maints Poulets, maints Canards, maints Coqs pour héritage ;
Il fallut faire le partage,
Dès lors plus d'amitié, plus de paix, plus d'accord.