Ma mère l'oie avait l'ambition
D'élever comme il faut son garçon et sa fille :
« A l'esprit naturel qui dans mes enfants brille
Je veux, » dit- elle un jour, « joindre l'instruction,
Mon voisin le baudet a de l'intelligence,
De l'esprit, de la gravité,
Une certaine dignité,
Pour précepteur il convient fort, je pense. »
L'âne accepta ce titre et, d'un air d'importance,
Il promit de faire, dans peu,
De l'oison un puits de science
Et de la jeune oie un bas-bleu.
Mon cher lecteur, l'histoire est véritable.
- Mon cher auteur, moi je t'arrête là,
Je ne puis te passer cela,
La chose est trop invraisemblable ;
De pareils écoliers ! de tels instituteurs !...
- Je veux demain, lecteur, afin que tu me croies,
Te montrer dans Paris vingt ânes précepteurs,
Enseignant gravement des oies.