Traînant avec lenteur sa glutineuse masse,
Une limace
Vient se coller sur un rosier,
Et, dans sa turpitude,
Prenant une fière attitude,
Lui crie à plein gosier :
— Un beau rosier, vraiment, qui n’a que des épines
Et quelques feuilles sans couleurs !
Dis donc, l’ami, quand on est sans fruits et sans fleurs
On ne craint guère les rapines ;
On fait l’important néanmoins…
Tu ne veux point parler ? Ne vois-tu pas, au moias,
Que je te souille ?
Allons ! grouille ;
N’as-tu pas de souci ?
Chasse-moi, si tu l’oses,
Ou demande merci.
Le rosier, entr’ouvrant ses roses,
Lui dit :
— Tes insolents discours
Ne nous empêchent pas, moi de fleurir toujours
Et toi, pauvre grossière,
De te traîner dans la poussière.
Derrière le nuage épais
Souvent un beau soleil se joue…
L’envie à la vertu jette parfois la boue,
La vertu cependant plane sur elle en paix.