Différents animaux étaient de compagnie
Au pied d’un roc fort élevé,
En le contemplant, l’un s’écrie :
Qui parviendra là-haut ? — Moi, moi, je le parie,
Dit chacun. L’aigle seul est bientôt arrivé.
Le cerf, au pied léger, et l’agile gazelle,
Et la poule, qui tirait de l’aile,
Bien vainement cherchent à l’imiter.
Mais une rampante limace,
Cheminant lentement, mais sans se rebuter,
Au plus haut point du roc vient à bout de monter.
Fière d’occuper cette place,
De l’aigle elle aime à s’approcher,
Croyant que sa hauteur à l’oiseau l’assimile.
La foudre éclate alors ; un morceau du rocher
Se détache, entraînant avec soi le reptile,
Qui sous le poids est écrasé.
En planant dans les cieux, l’aigle sait se soustraire
A cet éboulement qu’a produit le tonnerre,
Et sur un lieu plus haut, il s’est bientôt posé.

Pour conquérir une place éminente
Il n’est que l’aigle, ou bien l’être rampant ;
Mais lorsque la fortune est pour eux inconstante,
Que leur destin est différent !
Le dernier n’est plus rien, sans sa place imposante,
Mais l’autre se soutient quel que soit l’accident,
Et s’élève par son talent.





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