L'Aigle et le Renard Franz Hermann Lafermière (1737 - 1796)

L'Aigle, dit-on, et le Renard,
On ne fait trop par quel hasard,
Jadis entr'eux avaient fait alliance ;
L'on devoit, d'une et d'autre part,
Mettre la rancune à l'écart,
Et vivre en bonne intelligence ;
Et pour mieux se rapatrier,
On crut qu'il était néceffaire
Que le Renard se creusât son terrier,
Non loin de l'arbre où l'Aigle avait son aire
Il arriva qu'un jour, où, comme à l'ordinaire,
Se repofant sur l'accord arrêté,
Le Renard s'était absenté
Pour procurer leur nourriture
A ses petits, qu'il croit en sûreté
Au fond de sa caverne obscure.
L'Aigle s'y glisse et l'animal parjure
Ose, au mépris de la foi du traité,
Lui ravir sa progéniture,
Qui, dans leur nid ensanglant
Des Aiglons devint la pâture.

Le Renard de retour, trouvant tous les petits Partis,
Jette les cris
Du défespoir, et dans son impuissance
Sur l'Aigle ravisseur,
Qui se riait de sa douleur,
Des Dieux implore la vengeance.

On était justement alors dans la saison
Où les bergers de ce canton,
Pour se rendre les Dieux propices,
Leur offraient force sacrifices.
Le raviffeur des petits da Renard
Se promit bien qu'il en aurait sa part.
Il prend son temps, s'abat sur une offrande,
Et dans sa serre enlève avec la viande
Un tison allumé, que le fourbe maudit
Alla déposer dans son nid.
Le feu pétille et prend, la flamme se déploie ;
L'Aigle, en fuyant, poufse un cri dans les Cieux,
Du brasier dévorant ses petits font la proie.
Le Renard dit : il est des Dieux.

Fables et contes dédiés a Son Altesse Impériale Monseigneur le Grand Duc, Livre II, Fable XIV




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