Le Lis et la Limace Louis-Maximilien Duru (1804 - 1869)

Parmi les fleurs d'un beau parterre,
Un Lis frais et majestueux
Élevait sa corolle altière.
Son éclat attirait les yeux,
On vantait son port et sa grace%
Pardessus tout, sa pureté.
Mais là rampait une affreuse Limace
Qui, jalouse de sa beauté,
Dit aux passants : J— Laissez-moi faire,
Cet orgueilleux sera déshérité
Du don qu'il a de tant vous plaire ! -
Et la voilà qui, sur la terre,
Pour arriver jusqu'à la fleur,
S'allonge lentement, doucement monte et glisse
Jusqu'au fond de son blanc calice.
Sa bave en a flétri l'éclatante splendeur,
La Limace, dans sa fureur,
En a rongé chaque pétale,
Et rien bientôt n'est plus laid, ni plus sale,
Que le beau Lis dont la fraîcheur
De ce parterre était l'honneur.

Jeunes amis, c'est votre histoire
Que vous fait ce conte nouveau.
Votre innocence est votre gloire,
Et votre trésor le plus beau :
Si vous la perdez, votre vie,
Comme un beau lis souillé sur son rameau,
Hélas ! sera bientôt flétrie !

Livre II, fable 17




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