D'un bouquet les brillantes fleurs
Dont la main de la jeune Annette
Avait assorti les couleurs,
Ornement de sa collerette,
Par un ruban officieux
Se sentaient à regret pressées,
Et, pour s'en voir débarrassées,
Formaient les plus absurdes vœux.
Le ruban leur dit : - Insensées !
Eh ! n'est-ce pas moi dont les nœuds,
Fixant vos tiges enlacées,
Vous retiennent dans l'ordre heureux
Où le bon goût vous a placées ?
De vos vœux réprimez l'essor,
Consultez mieux votre avantage :
Puisqu'il vous embellit encor,
C'est un bien que votre esclavage.

Ce n'est pas sans peine qu'on plaît :
Plus d'un auteur, d'une coquette,
Vous diront qu'un si beau secret
Ne se donne pas, qu'il s'achète.

Livre I, fable 1




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