Les deux Fauvettes et le Rossignol Jean-François Guichard (1731 - 1811)

Deux Fauvettes vivaient en paix ;
On ne voyait, on n'entendait jamais
L'une, sans voir, sans ouïr sa compagne :
Il n'était bruit dans toute la campagne
Que d'une si rare union.
Des bois le célèbre Amphion
S'introduisit, se faufila près d'elles ;
Grande musique chez nos belles.
Il plut à toutes deux, une seule lui plut.
L'imprudent rossignol, par mille déférences,
Petits soins, doux regards, et tendres préférences,
Le lui marque. L'autre s'en aperçut :
De dépit, de rage, d'envie,
À coups de bec elle pensa crever
Les beaux yeux de sa bonne amie,
Qui fort heureusement parvint à s'en sauver.

Rivalité produit parmi l'humaine espèce,
Sinon même fureur, au moins même faiblesse.

Livre I, fable 9




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