L'Avare et son Fils Jean-François Guichard (1731 - 1811)

Quoi ! sur la table de mon père
Je verrai donc toujours des fruits plus que passés !
Que avarice, hélas ! n'en a-t-il point assez ?
Chacun en rit, cela me désespère.
Au magasin secret ce fils,
Accompagné de deux amis,
Parvint à pénétrer. D'abord se régalèrent
Nos trois gaillards, gens experts à choisir.
Quel meurtre ! disaient-ils : avair laissé moisir
De tels fruits ! Les meilleurs ensuite ils emportèrent.
Tout avare, on le sait, est constant visiteur.
Témoin de ce dégât, l'avare entre en fureur,
Veut chasser son valet, son seul, garçon fidèle.
Pour parer l'injustice, et finir la querelle,
Le fils avoua le larcin.
Pardon ! vous ne mangez de fruits qu'en pourriture ;
Nous n'en avons, mon père, je vous jure,
Mangé pas un qui ne fût sain.

D'un bien ne fait-on point usage,
Le perdre n'est pas grand dommage.

Livre I, fable 8


Imité de la fable de Florian, L'Avare et son Fils, cependant, écrite avec sensiblement moins de clarté et de qualités.

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