Jeune Fauvette, sur l'oreille
Avait, comme on dit, le bouquet.
Corps formé, langage coquet,
Âge où tel oiseau s'appareille.
Ses parents la persécutaient,
Et chaque jour lui présentaient
Ce que les bois du voisinage
Avaient de plus jolis galants,
Sa mère exaltait leurs talents ;
L'un, dit-elle, est du bon âge,
Celui-(là, ravisant chanteur,
L'autre éloquent, doux et flatteur,
Tel, par un arrangé ménage.
Est plus riche qu'un mieux renté.
Tel autre, à l'aigle apparenté,
Vient des rois, par direct lignage.
Candeur, prudence, probité,
Clémence, libéralité,
Furent Vertus représentées,
Et par la Belle rebutées :
Ces qualités ne touchaient pas
De son cœur la sensible corde :
A moins que vertu ne s'accorde
A nos mœurs, elle est sans appas.
Notre Fauvette était confiante
Elle était sensible, partant
Un époux sensible et confiant,
Pouvoir seul la rendre contentes.
Elle en cherche un et le trouva.
Il était de peu d'apparence ;
Quelque temps elle l'éprouva,
Et lui donna la préférence.

Quoique par le vice abattus
Nous aimons toutes les vertus,
Chez nous elles sont révérées ;
Mais les vertus selon nos mœurs,
Et surtout, selon nos humeurs ;
Sont toujours vertus préférées.

Je suis né doux et complaisant,
Et lorsqu'en quelqu'un d'autre je trouve
Ces deux qualités, j'en éprouve
Certain attrait sympathisant
Qui vers lui sans cesse m'entraîne.
Eh, par Saint Jen, pour moi c'est votre chaîne.
Mais je demande du retour
Et qu'on me le prouve à son tour,
Comme par exemple, une preuve
Demain vous pourriez m'en donner
Si chez moi vous veniez diner.
Par Saint Jean, essayez cette épreuve.
Sobre, affairé, ne craignez pas
D'être longtemps en ce repas :
A trois heures, je vous dégage
Et vous donne, outre mon serment,
Mes chansons en nantissement.
Eh, par Saint Jean, prêtez-vous sur ce gage.





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