Contre les traits d'amour tenons-nous moins armés ;
Rien n'est si doux que les feux qu'il inspire ;
Voit-on sortir de son Empire
Ceux qu'une fois il a charmé ?
A son ardeur quand une fois l'on cède,
L'on ne cesse jamais d'aimer :
Plus on fût enflammé, plus on veut s'enflammer ;
A peine un feu s'éteint qu'un autre lui succès.
Ah ! si ses fers étaient si durs, si rigoureux,
N'éviterait-on pas leur piège dangereux ?
De Daphné, Clitie et Climène,
De cent autres encor ayant usé la chaîne
Qui Croirait qu'Apollon tant de fois enflammé,
De craintes, de désirs, tant de fois consumé,
Put encore en amour former quelque entreprise ?
Toutefois d'un nouvel objet
Son âme est ardemment éprise,
Et ce feu de mes vers doit être le sujet.
Ce Dieu, dont la splendeur éclaire tout le monde,
Ayant un jour fini sa course vagabonde,
Venait enseigner ses leçons
Sur les bords fameux de la Seine,
Car c'est le temps qu'il faut qu'il prenne
Pour instruire ses nourrissons.
Pressé par les voeux d'une amante,
Qui pour faire des Vers employait son secours,
Il s'arrêta dans une île charmante
Que ce fleuve forme en son cours :
Là dans un Palais plus splendide,
Et plus éclairé que le sien,
Il vit la belle Adelaïde,
Dont de tristes pensers faisaient tout l'entretien :
Elle était sur un lit négligemment couché,
Et comme elle croyait être là sans témoin,
Sur voiles voltigeant sans soin
Purent bien laisser voir quelque beauté cachée.
Aussi de cet aspect le Dieu du jour charmé
Se cache pour mieux voir et d'un œil enflamé
Dévore les appas que de loin il admire :
Ses yeux qui d'un regard embrassent l'Univers
[...]



A Madame de B... pour louer une élégie qu'elle avait faire sur un départ, sous le nom d'Adélaïde. L'auteur donne le nom de fable à ce texte. Est-ce tout à fait une fable ? Même avec une définition très large du genre, on commence à s'en éloigner...









Commentaires