Autrefois et ces temps étaient
Avant que le monde eût pris forme.
L'amour et l'hymen se hâtaient ;
Leur âge étaient assez conforme.
Unis par étroite amitié,
Leurs biens en commun ils portèrent,
Et furent en tout, de moitié,
Tant qu'en célibat ils restèrent.
Mais enfin, yeux de l'amour
Diversité parut aimable,
Et froid hymen, à son tour,
Trouvant habitude agréable,
Le nœud sacré se proposa,
Et chacun la sienne épousa.
D'abord, les deux époux voulurent
Continuer société ;
Mais leurs épouses prévalurent
Sur eux et sur leur volonté :
Dès le moment qu'elles se virent,
Aversions si bien suivirent,
Qu'elles ne purent se souffrir :
Si l'on veut bientôt voir fuir l'une,
L'autre à ses yeux n'a qu'à s'offrir.
[...]