Un jeune et galant Tourtereau
De ceux par qui tout font fourrage,
Un jour, qui tenaient leur bureau
Parmi les Airs affreux Orages,
Par malin hasard s'approcha
D'un grand trou d'arbres et s'y cache
Là, d'une vieille Tourterelle
Et veuve, était le logement,
Ou bien plutôt, le monument ;
Les pleurs en faisaient l'ornement.
D'abord, par pente naturelle,
Ou soit qu'il ne fût autrement
Que dire à cette vieille hôtesse,
Le tourtereau lui dit : Pourquoi
Vivez-vous dans cette tristesse ;
Belle encore, vous avez de quoi
Dompter les cœurs les plus rebelles.
Montrez-vous à nos yeux surpris ;
Je sois au premier piège pris,
Si vous n'y remportez le prix
De la beauté sur les plus belles.
Sur ce propos faux et moqueur,
La vieille allait au long s'étendre ;
Mais le vent soudaient s'abattit,
Et notre hâbleur, sans l'entendre,
Prit son vol sur l'heure et partit.
Il part ; mais en partant il laisse
Le trait qu'il avait décoché.
Désir de plaire est un péché
Qui tient toujours femelle en laisse.
Elle fait ses réflexions.
De retraite la lassitude
Y joint ses exhortations ;
Enfin, ses résolutions.
Sont de quitter la solitude.
De dessein pris, soins complaisants
Elle prend d'elle. Elle se pare,
Par plume fausse elle répare
Celle qu'enlevèrent les ans
Qui de panaches malplaisants,
Et de diverse découpure
Son plumage avaient bigarré ;
Puis sur les bords d'une onde pure,
Après avoir le tout miré,
Répète des coquetteries
Les façons, les minauderies.
Contente d'elle, elle s'en va
Se montrer dans les assemblés.
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