Sur les bords fleuris de la Seine,
Dans des bosquets délicieux,
Vivait une fauvette, reine
De ces beaux lieux.
Sous cette aimable souveraine,
Tous les oiseaux étaient heureux.
Des vautours altérés de sang et de carnage,
Vomis des plus noires forêts,
Vinrent, pour assouvir leur rage,
Semer l'affreuse mort dans ces riants bosquets.
Echappée, ô miracle! à leur cruelle serre
Par l'immuable arrêt du maître du tonnerre,
La fauvette s'enfuit dans les pays lointains,
De ses sujets chéris déplorant les destins.
Hélas! les malheureux! ils devinrent la proie
D'un barbare épervier, des voraces vautours.
Pendant plusieurs printemps, plus de chant, plus de joie.
Dans un triste silence ils consumaient leurs jours ;"
Ils priaient en secret le Dieu de la nature;
Us l'appelaient à leur secours,
Lui demandaient un terme à leur longue torture.
O prodige inouï ! du milieu du malheur,
D'innombrables périls qui ménageaient leur tête,
Et du sein de la fondre au fort de la tempête,
Brilla le rayon du bonheur!
Dans ses bosquets flétris arriva la fauvette,
Avec l'époux royal. Grands Dieux! quel jour de fête !
Quelle pure félicité !
Partout quelle vive allégresse !
Les bois reprirent leur richesse,
Et les oisillons leur gâté.
De l'amante des verts bocages,
Pour célébrer heureux retour,
Tous les oiseaux en chœur, sous les tendres feuillages,
Chantèrent sa douceur, ses vertus, leur amour.

Livre III, Fable 1




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