Deux amphores, à taille fine,
Faites par une habile main
Et de terre du même grain,
Vivaient, l'une au salon, et l'autre à la cuisine.
Celle-ci versait l'huile et l'autre les parfums ;
Leurs destins n'étaient pas communs,
Quoiqu'étant de même origine.
La grande dame, à bonne odeur,
D'humeur orgueilleuse et chagrine,
Méprisait sa modeste soeur
Et lui faisait mauvaise mine.
La maîtresse de la maison,
Personne aussi simple que sage,
Et qui s'entendait au ménage,
Pour l'en punir, un jour, lui fit cette leçon :
« L'amphore des parfums n'est pas l'amphore utile,
J'estime plus l'amphore à l'huile. »

Ma fable aisément se comprend :
L'emploi le plus utile est le plus méritant.
Il en est ainsi du talent.

Fables nouvelles, Livre I, Fable 2, 1851




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