La Mouche et l'Abeille Eugénie et Laure Fiot (19ème siècle)

Une mouche commune et d’un genre vulgaire,
Qui savait conseiller mais ne savait bien faire,
Volait sans but, d’ici, de là,
Bourdonnant, à chacun, de façon empressée,
Tantôt ceci, tantôt cela,
En personne d’ailleurs sensée.
La mouche, qui savait, pour autrui, tout prévoir,
Trouve une abeille vers le soir :
» La belle, Vous vous exposez, lui dit-elle,
Il se fait tard, le ciel est noir;
Je vous annonce un grand orage,
Rentrez chez vous, c’est le plus sage. »
L’abeille en toute hâte alors se retira,
Et dans sa cellule rentra ; Mais la prudente conseillère
Ne sut pas si bien se sauver.
Un coup de vent la fit tomber par terre ;
Elle ne put se relever.

Tout conseilleur devrait, pour lui, savoir bien faire ;
Car quiconque agit mal et bien conseille autrui
Dehors se montre un sage et n’est qu’un fou chez lui.

Fables nouvelles, Livre I, Fable 16, 1851




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