Le Moucheron, le Cousin et l'Abeille Eugénie et Laure Fiot (19ème siècle)

Un jour d’été, sur son déclin,
Le moucheron et le cousin
Parlaient d’eux, avec le cynisme’
De plus insultant égoïsme.
Le moucheron disait: « Je ne fais jamais rien;
Je joue et je bourdonne
Et ma devise est courte et bonne ;
Je vis en épicurien. »
« Moi, reprit le cousin, je fais de la musique
Et je pique :
Mais j’ai du moins un nom. On me dira méchant
Ou, si l’on veut, mauvais parent.’,
Il m’importe peu qu’on me craigne,’-
Pourvu toutefois que je règne !!..
Dans le bocage je suis roi,
Et chacun se sauve de moi. »
Ils médisaient de tous et même d’une abeille
Qui butinait avec ardeur,
Tout prés de la, sur une fleur.
Comme ils disaient ces mots-: Que fait cette merveille?
L’abeille. qui les entendit,
Tout aussitôt, leur répondit:
« De moi je ne puis que vous dire,
Je fais du miel et de la cire,
Mais vous, petits messieurs, paresseux, médisants,
Inutiles et malfaisants,
Vous n’avez ni valeur ni sens. »
Cette leçon bientôt de leur mort fut. suivie:
Ces messieurs, par bonheur, ne vivent pas longtemps.

Elle n’est point courte la vie,
Qui de bien se trouve remplie.
Pour qui fait mal ou ne fait rien,
Elle est toujours trop longue, étant vide de bien.

Fables nouvelles, Livre II, Fable 16, 1851




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