Le Hibou et l'Aigle Eugénie et Laure Fiot (19ème siècle)

Un hibou qui craignait la clarté pour ses yeux,
Vint se loger au fond d’un arbre creux.
Un soir il s’écriait: « Oh! combien est jolie
La mignonne souris ! Non, je n'ai, de ma vie,
Trouvé rien de pareil
Sous le soleil !...
Mais ce globe de feu, quel est donc son usage?
Il vous brille ou vous éblouit ;
La souris est utile et le soleil nous nuit.
Le Créateur ne se montra point sage,
Quand, par lui, cet astre fut fait ;
Ou, du moins, il était distrait. »
“Vieux fou! lui répondit un aigle,
Tu ne vois que ton intérêt ;
De ton jugement c’est la règle;
Tu raisonnes vraiment, le plus sot des parleurs,
Comme uni aveugle des. couleurs.

L'égoïste, du monde ignorant les merveilles,
Est aussi fou
Que le hibou ;
Il n'a, pour les juger, de cœur, d’yeux ni d’oreilles.

Fables nouvelles, Livre II, Fable 17, 1851




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