— Hibou, bien vilain, bien hideux,
Célèbre par les brigandages
Qu'il exerçait, dans les temps ténébreux,
Sur les oisillons des bocages,
Vantait sa miaulante voix,
Et du chant et du goût voulait dicter les lois.
De loin en loin, durant la nuit profonde,
Il poussait quelques cris perçants,
Qui rendaient oisillons tremblants :
Le brigand effrayait son monde;
Il pensait le ravir par ses merveilleux chants.
Un aigle, roi puissant, régnait dans la contrée;
Il chérissait les vrais talents.
Connaissez l'impudence outrée
De l'oiseau le plus sot des oiseaux miaulants,
Et son orgueil que rien n'égale.
Il veut briller devant sa majesté royale ;
Dans la cour du grand roi le chanteur est admis.
On se moque d'abord de sa sotte personne,
Et chaque courtisan lui donne
D'abord des quolibets, puis des traits de mépris;
Lorsqu'il siffla, ce fut encore bien pis.
Pour le punir de son impertinence,
Sur son corsage vil, l'affront fut imprimé.
L'oiseau royal rendit cette ordonnance :
Qu'il serait renvoyé plumé.
Qu'il serve de leçon a la sotte ignorance!

Livre II, Fable 21




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