Les deux Hiboux Antoine Bret (1717 - 1792)

Usurpateur chez ses voisins,
Tyran dans son propre héritage ,
Masoud eut pour Vizir un homme adroit et sage
Qui se vantait, pour aller à ses fins,
D'entendre les oiseaux, d'expliquer leur ramage,
Un soir que deux hiboux semblaient s'entretenir,
Masoud, qui de rien s'inquiète,
De leur conférence sécrète
Veut être instruit par son. Vizir.
Celui-ci part, revient, mais- son silence
Du Sultan curieux, accroit l'impatience :
Est ce ainsi , lui dit-il, que l'on sait m'obéir ?
N'ai-je pas dit que l'on eut à m'apprendre-
Exactement les propos des Hiboux ?
Sultan , dit le Vizir, je craignais ton courroux.
Tarie, répond Mausoud, je suis prêt à t'entendre.
Notre Vizir alors , conta d'un air soumis
Qu'à la Fille de l'un, l'autre engageait son Fils,
Qu'il exigeait pour dot de la future.
Cinquante Bourgs ruinés et détruits ;
Que le premier avait dit pour Conclure,
Va pour cinq cent, si Dieu dans ses Etats
Nous conserve Masoud au gré notre envie ;
S'il veut lui prêter longue vie,
Les Bourgs détruits ne nous manqueront pas.

Fables orientales, fable 23




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