Le Festin des Animaux Antoine Bret (1717 - 1792)

Parmi des animaux rassemblés près d'un bois
Le Singe critiqua l'éternelle constance
Qui les tenait toujours liés aux mêmes lois.
Le Soleil, disait-il, a vu six mille fois
Mêmes désirs chez nous et même jouissance ;
Cet uniforme instinct est d'un terrible poids;
Voyez l'homme, il nourrit des goûts de toute espèce,
Mais celui dont mon cœur serait le plus flatté,
C'est de jouir avec la même ivresse
Des doux appas de la société.
L'Homme est heureux lorsqu'à sa table
II peut réunir ses égaux,
Eh bien, que l'homme entre les Animaux :
Ne soit plus le seul sociable.
Imitons-le, depuis assez longtemps
Il nous imite, il nous doit ses talents
Et ses Arts et son industrie;
Jadis originaux devenons la copie:
Régalons nous, comme de bons amis.
A peine il dit, les vœux sont réunis ;
On prend jour, on convient du lieu de la curée;
Tout quadrupède du Pays
Chez notre Singe aura franche lippée.
Qui le croirait ? à ce banquet nouveau,
Celui qui manque, est Dom Pourceau;
On s'en étonne, on en murmure,
Mais un jeune Agneau son voisin
Apprend le nœud de l'aventure.
Il m'a, dit-il, demande ce matin
Si je croyais qu'à ce festin
Il put trouver une mare commode
Où ce vilain se vautrât à sa mode ;
J'ai dit que non, il grogne et s'enfuit loin d'ici,
Partant Meilleurs dînons toujours fans lui.

Offrez à l'âme vile et basse
Des plaisirs doux et délicats,
Ils n'ont rien qui la satisfasse ,
La crapule à bien plus d'appas.

Fables orientales, fable 27




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