Le Pommier sauvage et le passant Eugénie et Laure Fiot (19ème siècle)

Un beau pommier sauvage, au bord d’une forêt,
Par l’or et, l’incarnat des fruits qu’il étalait,
Du passant excitait l’envie ;
Mais, quand au fruit la bouche se portait,
Par l’aigreur aussitôt trahie,
Elle le rejetait:
Et le passant alors, recourant à la force,
Frappait l’arbre du pied et brisait son écorce.
L’arbre menteur, dans son dépit,
S’en plaignit au pommier dont la sève adoucie
Recevait de la greffe une nouvelle vie.
Le pommier répondit :
« Du passant, mon voisin, je conçois la vengeance
Pourquoi l’as-tu trompé par ta belle apparence?
Tu promets la douceur et tu donnes le fiel ! »

L’hypocrite, en ses yeux, nous réfléchit le ciel,
Mais brûlant, en secret, d’une perfide flamme,
Il cache l’enfer en son âme.

Fables nouvelles, Livre II, Fable 3, 1851




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