Un beau jour du dernier printems Certain abricotier, tout fier de sa parure, Dit au pommier ; quelle triste figure Tu fais ici ! depuis long-tems Ne vois-tu pas mes rameaux blancs ? Qu’attends-tu pour montrer tes fleurs et ta verdure? Ami, dit le pommier, est bien fou qui te suit ; De tes hâtives fleurs quel sera le produit ? Rien du tout : car l’expérience Vingt fois déjà te l’a prouvé, Et de ta folle diligence Tu sais ce qu’il est arrivé. Le pommier achevait à peine, Que les aquilons destructeurs Moissonnèrent de leur haleine Tous les boutons, toutes les fleurs. Des lueurs de l’esprit je vois ici l’image ; Fleurs précoces dans les ensans Ne me sont pas d’heureux présage ; C’est au fruit où je les attends.