Dans le tronc d'un pommier sauvage
Un essaim de mouches à miel
Avait pris domicile, et bientôt à l'ouvrage,
D'un nectar, qu'on eût cru préparé dans le ciel,
Elles avaient rempli ses flancs rongés par l'âge.
Fier du riche dépôt amassé dans son sein
Par l'industrieuse peuplade,
L'arbre' un jour insultait au hêtre son voisin,
Qui lui répondit : « Camarade,
Il te sied bien vraiment de faire le censeur !
A garder un trésor qui point ne te profite
La gloire me semble petite ;
Mais du miel dans tes fruits fais passer la douceur,
Et tu pourras alors nous vanter ton mérite. »
Que ce jeune homme paraît vain !
— C'est que pendant douze ans, dans la ville voisine,
Les Muses l'ont nourri du miel de leur doctrine.
— S'il en est devenu plus juste, plus humain,
Devant ses talents, je m'incline ;
Mais, fût-il savant comme Pline,
S'il n'en est pas meilleur, arrière le hautain !