La Ménagerie Emile Erckmann (1822 - 1899)

Les animaux d'une ménagerie,
Derrière leurs barreaux, hurlaient avec furie.
Panthères et chacals, singes et perroquets,
Allaient, venaient, poussaient leurs cris et leurs hoquets.
Le singe, au cabanon, l'œil roux, plein de menaces,
Faisait à tout venant ses affreuses grimaces.
Il se couvrait de fange, accroupi dans son coin,
Traitant chaque passant de cuistre et de sagouin.
La hyène râlait : « J'ai faim, on m'assassine !
— Et moi, j'ai soif de sang, » glapissait la fouine.
Je ne sais quel onagre, au loin, semblait gémir ;
C'était une clameur à vous faire frémir,
Quand la voix du lion, grondant comme un orage,
Domina tout à coup ce tumulte sauvage :
« Je suis le vieux lion, le favori d'Alla ! »
Chantait le patriarche à la rude crinière.
Les autres, se croyant à leur heure dernière,
Restèrent à quia.
Le singe avait, dit-on, la foire ;
Le loup grelottait dans sa peau ;
Ce spectacle n'est pas nouveau,
Il fait tout le fond de l'histoire.

Livre II, fable 7




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