Les vieux Chênes et les jeunes Emile Erckmann (1822 - 1899)

Quelques vieux chênes décrépits
Se dirent, voyant les petits
S'étendre au loin sur les collines :
« Ils boivent l'eau de nos racines
Et dessèchent les environs.
Couvrons-les vite de notre ombre,
Alors, ils périront sans nombre,
Et bientôt nous reverdirons. »
Les jeunes, privés de lumière,
Prirent, soudain, un grand élan.
Les vieux se dirent, en branlant :
« Ils gagnent la forêt entière,
Leurs branches montent jusqu'aux cieux ;
Rongés par la mousse et le lierre,
Nous allons tomber en poussière ! »
Ils disaient vrai, les pauvres vieux.
O jeunesse, que je t'envie !
À toi l'avenir et la vie.

Livre II, fable 10




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