La Guêpe et l'Araignée Le Marchant de Viéville (17?? - 18??)

Une Araignée avec adresse
Filait sa toile dans un coin,
Afin de pouvoir au besoin
Dans ses lacs arrêter l’espèce
Qu’elle suce dans tous les temps :
Disons, si vous voulez, la mouche,
La chose paraîtra moins louche :
Soyons toujours clairs, j’y consens.
Sa toile à peine était finie ,
Qu’elle y vit tomber à l’instant
Une Guêpe jeune et jolie
Qui se débattait vivement,
« Oh ! oh ! voyons un peu, dit-elle ,
» Quelle est la bête que voilà !
» De loin elle paraît fort belle :
» Approchons-nous, et suçons-là.
» Déjà la Guêpe est entourée
De ses pattes qui font frémir,
Et la bataille est déclarée :
L’insecte en vain cherche à saisir
La Guêpe au combat préparée ;
Son aiguillon va la punir :
Des coups de sa lance acérée
Elle est atteinte et va mourir.
Quelle que soit votre puissance,
Riches n’en abusez jamais ;
Vous ne connaissez pas les traits
Formés pour venger l’innocence.

Livre I, fable 2




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