Le ciel touché des malheurs de la Terre
Sur un Trône d'azur fit descendre la Paix ;
Par de justes rigueurs signalant ses bienfaits,
On la vit désarmer la Discorde et la Guerre.
Un Bûcher, qu'à sa voix allume le Tonnerre,
S'apprête à dévorer les Instruments cruels
Qu'avaient osé forger les aveugles Mortels :
Déjà le Glaive altier, le sanglant Cimeterre
Frémissants dans la flamme expiraient en Héros,
Lorsque la plaintive Trompette
Avec un son perçant fit entendre ces mots.
J'en atteste les Airs, vous le savez, Echos,
J'ai souvent sonné la retraite ;
Ne me confondez point, Déesse, dans le rang
De ces Armes toujours sinistres,
De la mort et de Mars implacables Ministres
Qui ne respirent que le sang.
Non, tu n'en répands point, mais tu le fais répandre
Les Combats, les Assauts par ta voix excités,
Déchirent les Humains, renversent les Cités,
Et mettent l'Univers en cendre.
Voilà de tes accents les funestes effets !
Et coupable à mes yeux de ces divers forfaits,
Tu dois les expier par les mêmes supplices :
Exciter les Méchants, c'est le plus grand des vices.

Livre II, fable 18




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