Le Cerf résolu d'emprunter,
À la brebis donna la préférence
Et la voyant hériter
Lui dit, ne craignez rien, pour plus grande assurance
Le loup sera ma caution.
Oui-dà le Loup, vraiment, il est fort bon !
Il prend tout ce qu'il trouve et s'enfuit sans trompette
Et vous fendez les airs comme un trait d'arbalète,
Héros aux pieds légers, vrais Chevaliers errants,
Lorsque sera venu le temps
Où vous aurez promis de rendre,
Dites-moi, s'il vous plaît, où je pourrais vous prendre ?
Nous vous ferons notre billet d'honneur,
Dans deux Mois payable au porteur,
Sous un Tilleul ou sous un Chêne,
A votre choix, dans la forêt prochaine.
Fort bien et là votre garant
Messire Loup me dévorant,
D'un coup de dent se donnerait quittance.
Vous adresser à moi, c'est de votre Eminence
Une singulière faveur :
Mais j'en pairais la folle enchère ;
Et vous êtes trop grand Seigneur
Pour que je fasse votre affaire.

Livre II, fable 19




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