Le Loup et le Berger Pierre Laurent de Belloy (1727 - 1775)

Il faut avouer que ces Loups,
Sont des bêtes bien scélérates ;
Aussi de l'Angleterre on les a chassés tous ;
Les Loups à quatre pieds, car pour ceux à deux pattes,
Il en est là, ma foi, tout autant que chez nous.
Certain Loup quadrupède, en une Bergerie,
Qu'il vit ouverte, entra soudain.
Mais il n'avait pas vu Guillot et son gourdin,
Son fils, son frère et son mâtin,
Qui lui barrèrent la sortie.
Le larron, pour sauver sa vie,
S'avisa de ce tour malin.
Je ne viens point ici dans un mauvais dessein,
J'ai quitté, grâce au Ciel, mon humeur carnacière ;
J'ai fait vœu de Benedictin ;
La chair m'est défendue, et cette année entière,
J'observe l'abstinence exacte et régulière :
Comme mes Confrères gloutons
Raillent ma prudhommie et veulent me séduire,
Je venais m'enfermer avec que vos moutons ;
Au bien, par leur exemple, ils peuvent me conduire:
Et j'espère, auprès d'eux, par votre instruction,
Achever ma conversion.
Preuve que ces discours ne sont pas gasconnades,
Soyez bien averti que ce soir nos coquins,
Derrière ces arbres voisins,
Vous dresseront des embuscades.
Oui, dit Guillot, si je m'en crois,
Tu venais pour me trahir, moi.
Si je t'en crois, tu viens trahir tes Camarades ;
D'une ou d'autre façon, tu mérites la mort.
Disant ces mots, il vous l'assomme.
Les traîtres devraient tous avoir un pareil fort ;
C'est ainsi qu'autrefois on les traitait à Rome.
Beaux jours de l'Univers, qu'êtes-vous devenus ?
Le monde a-t-il encor quelques Fabricius ?





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