Que mon palais est las de chardons et de choux !
Disait un Ane, et que les coups,
Dont, sans pitié, m'accable un humoriste, un reître,
Me font haïr le joug de ce qu'on nomme un Maître !
J'aimerais mieux cent fois vivre parmi les loups...
Mais, pourquoi pas ? Je veux me faire loup moi-même;
Oui, je veux dévorer ce brutal, ce méchant ;
C'est lui, c'est sa rigueur extrême,
Qui font à mon cerveau monter ce goût du sang :
Sa volonté soit faite, il sentira ma dent !...
Pour mieux y réussir, tâchons que maint confrère
Apprenne à l'instant mon dessein ;
J'ai hâte de les voir seconder ma colère ;
Courons donc que l'espoir de ce riche butin
Soit le prix de ma bienvenue !
Ah ! quand ma soif du sang leur sera bien connue,
Comme ces bons amis me vont tous accueillir ! ...
Je pars Ane, tyran,... Loup je vais revenir ! ...
Et Brutus de prendre sa route,
Jurant mort à César ! ...
Au beau milieu des bois,
Depuis longtemps, déjà, coûte que coûte,
Il trottait, s'excédait, se mettait aux abois,
Sans rencontrer de loup trace la plus légère :
Que je suis sot ! dit-il ; si j'imitais leur voix !...
Puis, de vouloir hurler ; mais, il ne fit que braire...
Ce bruit donnant l'éveil à ses futurs amis,
Les voilà qui, d'un bond, viennent en ennemis
Fondre sur le Baudet, et le mettre en cannelle ;
Et lui, près de franchir son heure solennelle,
S'écriait cette fois, mais trop tard : J'étais fou !……
Pour hurler, il faut être loup.