Le conseil merite la peine du faict.
Le conseil donné de malfaire
N'a moindre peine merité
Que le malfaict de Padversaire,
Car ilz sont d'une qualité.
Ung qui sonnoit la trompette a la guerre :
Fut, au combat, prins par les ennemys ;
Comme captif on le lie, on le serre.
Lors il se print a humblement requerre'
Qu'en liberté il fut par eulx remis :
« Car (disott-il\ je n'ay homme a mort mis,
Et contre aulcun je n'ay porté les armes,
Ny je ne veulx. » Lors disent les gensdarmes :
« Tu n'occis point, mais tu donnes Passault
En provocquant les conflictz ct alarmes,
Les durs combaiz et Ics mortelz vacarmes :
Ainst plusicurs meurent par ton default. »
Aulcuns aussi, par leur conseil meschant,
Pechent autant que les executeurs ;
Quiconques ya le mal d'aultruy cherchant,
Soit quwil ne frape avec glayve trenchant,
Mais de sa langue, ainst que les menteurs,
Touiesfoys luy tous calumniateurs
Conseillaniz mal, ne sont moins a blasmer
Que les facteurs ; moins on les dott aymer,
Car la pluspart est cause des malfaictz,
Et telles gens sont bien a diffamer,
Dont le conseil, qu'on doit desestimer,
Ne vault pas mieulx que les meschantz effectz.
Titre original : De la Trompette de guerre