Le Moineau et l'Araignée

P. Gubian (début 19è)


Il était presque midi ; un Moineau bien affamé volait à peine de branches en branches ; exténué par la faim, et jetant ses regards dévorans, il aperçut â la cime d'un arbre une araignée entourée de quantité de gibier ; il se dit : comment faire ? si je m'approche trop près, je m'entortillerai dans ses filets ; exténué et faible comme je suis, je pourrais y rester ; employons la flatterie. Il se plaça sur une petite branche voisine, et dit : ah ! belle araignée, qu'il y a longtemps que je désirais de faire la connaissance d'un être aussi parfait ; tu es d'une adresse et d'une légèreté qui n'ont point d'égales ; tu mérites bien la bonne chère que tu fais ; tu dois bien remercier les dieux de t'avoir si bien favorisée ! L'araignée répond : pourquoi me parle-tu des dieux ? je n'en connus jamais ; je ne connais que les félicités et la belle nature, qui m'a faite telle que tu me vois. Sitôt que je me lève, je tends mes filets, et demi-heure après, je trouve bien au-delà de tous mes besoins pour la journée.
Le moineau lui dit encore : tu as le port aussi majestueux que l'éléphant qui est véritablement Je roi de tous les êtres. Aussitôt l'araignée marche, sort de ses filets et s'approche du flatteur ; le moineau n'ayant plus besoin de flatterie, lui lance un fort coup de bec, la blesse à mort, et fait un fameux repas. Comme il restait encore beaucoup de gibier dans les filets, le moineau fut chercher un ami pour faire valoir son adresse, et aussi lui procurer un bon festin ; ils se dirent tous deux : vivons sans soucis, ne faisons que parcourir les contrées voisines, et employons toutes les finesses et flatteries dont nous serons capables.





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