Une volage hirondelle
Se préparait à quitter nos climats,
A l'approche des noirs frimas.
Un moineau, son ami fidèle,
Lui dit : pourquoi nous quittez-vous ?
Votre ingratitude est extrême.
Depuis six mois, vous êtes parmi nous ;
Vous goûtez le bonheur suprême :
Ma patrie, en vous recevant,
Vous à fourni abondamment
La nourriture succulente ;
La paix règne en votre maison ;
Votre famille intéressante
Reçut le jour dans la belle saison ;
Et puis, sans aucune raison,
Vous partez, vous prenez la fuite ?
Mon cher voisin, du froid je crains la suite :
messieurs les moineaux Quant à vous
Et tous sédentaires oiseaux,
Qui ne craignez point la gelée,
La neige, les glaçons, les fureurs de Borée,
Permis à vous d'être constans
Aux lieux où vous prîtes naissance ;
Mais pour nous " sans manquer à la reconnaissance,
Nous suivons d'autres sentimens :
Doués d'un courage intrépide,
Favorisés d'un vol rapide,
Nous cherchons le bonheur dans les climats divers :
Notre pays est l'univers
Par-tout, nature attentive
A pris grand soin de protéger
Et l'hirondelle fugitive,
Et l'indigène et l'étranger :
Elle nous donne à tous la force ou l'industrie ;
Enfin vous connaissez le proverbe fameux
Que nous transmirent nos aïeux :
Où je suis bien, je trouve ma patrie.