Sous mes rustiques toits, qu'ombragent deux ormeaux,
Aux jours de la saison fleurie
Comme au temps où la neige attriste nos côteaux,
Vit tout un peuple de moineaux,
Gent bavarde et sans industrie,
Faisant des nids grossiers, ou nichant dans des pots,
Et pourtant s'estimant habile.
Voyez, ma chère, certain jour
Disait l'un d'eux à l'hirondelle agile,
Qui, pour bâtir, dextrement dans ma cour
Butinait le chaume et l'argile,
Voyez, faites ainsi ; la chose est plus facile....
Prenez ici, puis là... gâchez bien ce mortier ;
Il en conviendra mieux pour votre domicile...
Oh ! oh ! sans vanité, l'on connaît le métier.
Et Madame Progné, d'une oreille docile,
Avait l'air d'écouter Monsieur le suffisant.
Pourquoi ? C'est qu'esprit séduisant,
Des habitants du voisinage
Elle tenait à gagner le suffrage,
A paraître aimable à chacun,
Et qu'en certain pays, dans un lointain voyage,
Elle avait ouï cet adage,
Qui pourtant n'est pas très-commun :
« Quand on veut plaire dans le monde, il faut se résoudre à se laisser apprendre beaucoup de choses que l'on sait, par des gens qui les ignorent. »