Fanfan courait tout désolé ;
Son Moineau s'était envolé.
Dans le fond d'un sombre bocage
Il suivit son ami volage,
Et lui chanta cette chanson
Qui se perdit comme un vain son :
Reviens dans ta maison déserte,
Reviens becqueter dans ma main
A tes besoins toujours ouverte,
Le millet choisi grain à grain.
Cher Moineau, quitte ces demeures
Où te poursuit mon amitié ;
Loin de toi je compte les heures ;
Ah ! cède au moins à la pitié !
Ta maisonnette est si gentille ;
Veux-tu la quitter pour jamais ?
Moi-même j'en dorai la grille ;
J'en ai fait un petit palais !
Je trouve en ce bois solitaire
Ma liberté qui m'est plus chère,
J'y veux mourir, reprit l'oiseau.
L'ami, ton discours est fort beau,
Mon palais aussi : quel dommage
Que ce palais soit une cage !