L'Enfant et le Moineau Jean-François Guichard (1731 - 1811)

Eh ! mon moineau ! mon cher moineau !
Il me fuit, il me quitte : il est sur cet ormeau,
Je n'y saurais monter ; puis, comme le reprendre ?...
Le perdrais-je ?... Qu'il est joli !...
Je ne t'en veux point, non ; daigne, daigne m'entendre.
Ah ! reviens, mon petit ami !
T'ai-je laissé jamais manquer de nourriture ?
C'est moi qui t'élevai ; reviens, je t'en conjure.
Assez souvent tu me pinçais,
Et pourtant je te caressais ;
Telle était d'un enfant la touchante harangue.
Le fugitif est prêt à s'attendrir ;
Il paraît vouloir revenir.
Mais cet enfant eut trop de langue,
Étourdiment il ajouta ;
Regarde : est-il plus riche et plus brillante cage ?
A ce mot seul qui tout gâta,
Le moineau, fendant l'air, répète en son langage
Ce vieux et vulgaire dicton :
« Il n'est point de belle prison. »

Livre I, fable 22




Commentaires