L'Araignée et les Mouches Jean-Louis Aubert (1731 - 1814)

Dame Araignée un jour se mit en tête
De travailler tellement son réseau,
Qu'elle eût toujours mets friand et nouveau.
Pour l'appétit de la gloutonne bête
Le moucheron était un méchant plat :
Il fallait qu'à son fil la mouche aussi restât
Pour que la chère fût complète.
Je le ferai, dit-elle, avec tant d'art,
J'y mettrai tant de foin, que s'il m'en échappe une,
Ce fera, ma foi, grand hasard.
Voilà la toile en train, toile grosse et commune,
Mais forte, bien ourdie, et d'un tissu ferré :
Voilà l'infecte préparé
A voir enfler sa gibecière.
La plus grosse mouche à son gré
Devait y tomber la première.
Mais il en fut tout autrement ;
De ce vain attirail les mouches se moquant,
Au travers du tissu passèrent.
Force moucherons y restèrent ;
Dieu sait comme elle les suça !
A l'avenir cette canaille-là
Paiera, dit- elle, pour les autres.

Ce récit peint les gens de lois :
J'entends ceux du Japon, du Turc, ou des Chinois.
Je n'ai garde vraiment de m'attaquer aux nôtres.

Livre I, fable 8




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