La Pervenche et la Rose Théodore Lorin (19è siècle)

« En vérité, disait la pervenche à la rose,
Je ne sais pas pourquoi l'on ose
Te préférer à moi ! L'espace d'un matin
Voit commencer et terminer ta vie :
Tel est l'arrêt du sévère destin.
Moi, de l'hiver je brave la furie :
Malgré la neige et les autans,
Je suis toujours verte et fleurie. »
« Fort bien, interrompit la fille du printemps ;
Mais si je n'ai qu'une courte existence,
Elle est du moins exempte de souffrance.
Charmant tout à la fois l'odorat et les yeux,
Mes brillantes couleurs, mon parfum précieux,
Mille autres qualités encore
Font que tout le monde m'adore.
Sans balancer, les fleurs des jardins d'alentour
Me proclament leur souveraine ;
Le galant papillon gaîment me fait la cour :
Zéphire de sa douce haleine
Vient me soupirer son amour.
Enfin si je ne vis qu'un jour,
Durant tout ce jour je suis reine. »

Livre IV, Fable 9




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