Un Houblon, par hasard, né sur le bord de l'eau,
Serpentait autour d'un Roseau,
Et pensait lui prêter un secours favorable.
Mais bientôt grandissant, il devient un fardeau.
Xe pauvre Roseau qu'il accable,
Du poids de son feuillage est tout embarrassé.
v Ami, dit-il un jour, je me sens oppressé ;
Laissez-moi, je suis fort : que les vents fassent rage,
Qu'importe ? je puis seul résister à l'orage. »
—« Non pas, dit le Houblon, non pas, c'est une erreur :
Le vent peut augmenter, souffler avec fureur ;
Si je ne vous soutiens, vous en serez victime !
Je vous aime, je vous estime,
Et prétends vous placer à l'abri de tous maux. »
Le Houblon, cependant, poussait de longs rameaux.
Qu'arriva-t-il enfin ? lorsque vint la tempête,
Le Roseau, qui, flexible, aurait baissé la tête,
Grâce à son protecteur fut bientôt renversé,
Et cassé.